Il ne fait pas bon être enceinte et pauvre en Indonésie…

La problématique est universelle : la santé s’achète. Ici, depuis 2005, il existe une assurance santé destinée aux plus pauvres du pays, le Jamkesmas. Soumise à critères de (bas) revenus, cette carte devait faire baisser les mauvais indicatifs de santé du pays. A Bali, un fermier nous a dit que la mesure avait été très appréciée de la population.

Mais il semblerait que certaines cliniques ne s’embarrassent pas de clients qui ne peuvent pas payer, même avec cette carte. (Ca me rappelle quelque chose, non ?) J’ai trouvé un témoignage décrivant des refus de soin déguisés (« Oh ben, y’a plus de lit, finalement ! ») ou même carrément des mauvais traitements infligés aux bénéficiaires du Jamkesmas.

« Il est interdit aux pauvres d’être malades »
Couverture du livre d’Eko Prasetyo

 

Alors, quand l’ONU a établi en 2000 les « Millenium Development Goals » (MDG), les « Objectifs de Développement du Millénaire », l’Indonésie, entre autres,  a été pointée du doigt, notamment sur ses mauvais chiffres de morbi-mortalité maternelle. Le taux de mortalité maternelle du pays est pour l’instant de 230/ 100000 (en 2010), c’est-à-dire le plus haut d’Asie du sud-est! L’objectif est d’atteindre 102.

Rappelons qu’en France, les derniers chiffres font état d’un taux à 9,6/100000. (InVS)

 

 

La solution qu’a trouvée le gouvernement indonésien à ce problème, c’est la création du Jampersal, une carte donnant accès aux soins sans condition de revenus à toutes les femmes enceintes disposant d’une carte d’identité. C’est mieux, a priori…sauf que très peu de femmes des régions reculées, nombreuses en Indonésie, possèdent une carte d’identité. Ceci dit, l’article du « Inside Indonesia » nous dit qu’il est plus facile d’obtenir une carte d’identité qu’une carte Jamkesmas…

Jamkesmas
Photo de jamaranew

Deux raisons à cela :

–          Les bénéficiaires potentiels n’ont pas accès à l’information ou sinon, aux administrations la délivrant

–          Du coup, la corruption fait rage et les Jamkesmas sont vendues au plus offrants par des petits malins. Logique, pour une carte destinée aux plus pauvres !

 

Et alors, quand on a le malheur d’être une femme seule, c’est encore pire. Plus de 9 millions de foyers seraient tenus par une femme seule en Indonésie. Les hommes sont partis travailler ailleurs et ils ne reviennent pas; la plupart ont fondé une autre famille sur place. Sauf qu’en Indonésie, la loi sur le mariage de 1974 ne reconnaît que l’homme en chef de famille. Donc, pas d’accès aux aides sociales comme le Jamkesmas ni à des tas d’autres procédures, comme le simple transfert d’argent.

Malgré toutes ces difficultés, très peu d’actions sociales sont mises en œuvre et le peu d’ONG sur place ont peu de moyens. Et pourtant, en permettant aux femmes de pouvoir bénéficier, ne serait-ce que de la présence d’un professionnel à l’accouchement, les mauvais chiffres indonésiens s’amélioreraient certainement…

Y’a du boulot pour nous, les filles!