« Transfert » (haha!) du blog de Loosequeen

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Pèlerinage pmesque.

Le clou d’Eugénie

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Voilà, nous sommes de retour. Encore un peu là-bas, pas tout à fait ici, je visionne les photos de ces endroits inédits qui ont été un peu « chez nous » pendant quelques temps. Certains moments me reviennent particulièrement en mémoire. Des rencontres, des sourires, des découvertes.

Parmi elles, on l’aura compris, les médecines ancestrales, à Bali, au Sri Lanka, en Corée, m’ont une fois de plus interpellée. Chaque fois, j’essayais d’y voir les applications possibles en obstétrique. J’ai trouvé quelques petites merveilles.

Le Clou de Girofle

Nous avons vu des girofliers en Indonésie et au Sri Lanka, mais ils poussent aussi en Inde, au Pakistan et à Madagascar. Souvent associé aux algies dentaires, le clou de girofle n’est pas particulièrement apprécié dans nos contrées. Pourtant, son nom latin, Eugenia caryophyllus fait allusion à Sainte Eugénie, une des patronnes des sages femmes (1). (« Eu-génie » signifiant « bien née », on reste dans la thématique). Et, ce qu’on appelle « clou de girofle », c’est le bouton floral non éclos du giroflier; raison pour laquelle il est dit qu’il symbolise la naissance et l’être en devenirPeut-être vaut-il le coup qu’on s’y attarde un peu….

Clou de Girofle

Clou de Girofle (Photo credit: JuanChristophe)

L’huile essentielle de clous de girofle accompagne merveilleusement bien l’accouchement. En effet, en plus d’avoir une forte action antalgique et anesthésiante, comme nous le confirmeront nos amis dentistes, cette huile essentielle favorise les contractions utérines. On comprend pourquoi il s’agit de la bannir pendant la grossesse, en dehors du 9ème mois. En association avec l’huile essentielle de Palmarosa, elles forment par contre un duo incontournable des salles d’accouchement.

Ses propriétés sont impressionnantes:

Anti-bactérien à large spectre, Anti-viral, Anti-fongique, Anti-parasitaire, Antiseptique, Neurostimulant, Utérotonique, Hypertenseur, Cautérisant cutanée et pulpaire, Anesthésiant, Stimulant immunitaire, Stomachique ( facilite la digestion) et carminatif (favorise l’expulsion des gaz).

(Toutes ces propriétés sont de plus en plus éprouvées par des études scientifiques. Pour les curieux, Pubmed, site qui recense le plupart des études médicales publiées, c’est par là.)

Ainsi, on retrouve souvent la présence de clou de girofle dans des recettes traditionnelles de sages-femmes, en Asie du sud-est, en Inde et au Sri Lanka et en Chine également. Très énergétique, il fait partie de la pharmacopée des médecines ayurvédique et traditionnelle chinoise. En MTC, il s’appelle  ding xiang; il est associé aux méridiens de l’Estomac, de la Rate et du Rein. (Chinesemedecinewiki). On l’utilise pour traiter les déficits en énergie yang, notamment les Vides de Yang de Rate, pour « chauffer le réchauffeur moyen », c’est-à-dire pour apporter du yang, de la chaleur, dans la partie médiane du corps. Plante très active et très réchauffante, donc, on évite de l’utiliser si la personne a déjà beaucoup de Feu. C’est le cas des personnes avec un déséquilibre Pitta, en médecine ayurvédique. (Faire le test des doshas.)

Ding Xiang: Giroflier tel qu’il est utilisé en médecine traditionnelle chinoise. (tcm.health-info.org)

Intuitivement, je l’associais souvent à la cannelle et j’ai eu la surprise de découvrir que les deux possédait une forte teneur en eugénol (70 à 85%) qui leur confère une très forte note aromatique et des propriétés similaires…Mais…

(…) contrairement à la Cannelle de nature yang (masculine), la Girofle est de nature Yin (féminine) et sera privilégiée dans les périodes de grands bouleversements féminins, accouchements, ménopause… Blog

C’est pas beau, ça?

Quelques exemples d’utilisations du Clou de Girofle en obstétrique:

HE= huile essentielle

HV= huile végétale (toujours privilégier une huile 1ère pression, extraite à froid et bio de préférence)

Pour favoriser le déclenchement des contractions en cas de grossesse prolongée (soit à partir de 41 semaines d’aménorrhée) ou renforcer les contractions pendant le travail, d’après le Dr D. Baudoux:

HE Thym à saturoïdes : 0.5 ml

HE Clou de girofle : 1 ml

HE Palmarosa : 2 ml

HE Néroli : 0.5 ml

HV Noisette : complément à 15 ml

Grossesse prolongée: 6 à 8 gouttes dans le bas du dos (région sacrée) 3 fois par jour et 3 gouttes matin et soir en sublingual jusqu’au déclenchement des contractions.

Renforcement des contractions pendant le travail : 6 à 8 gouttes dans le bas du dos (région sacrée) toutes les 30 minutes jusqu’à délivrance.

En version plus simple, sans le Néroli ni le Thym:

HE Palmarosa 9 ml

HE Clou de girofle 1 ml

HV Noisette ou Sésame  10 ml

– pendant la période de travail en vue de l’accélérer : 10 gouttes au niveau du sacrum en massage toutes les 10 à 15 minutes

– pour essayer de déclencher les contractions au terme de la grossesse : 15 gouttes au niveau du sacrum trois fois par jour

Je me rappelle aussi cette femme, d’origine marocaine, qui m’a raconté comment sa grand-mère sage-femme préparait la fin de la grossesse de ses patientes: elle faisait macérer « une poignée » de clous de girofle dans une bouteille d’huile d’argan et en massait les dos des femmes en fin de grossesse et pendant le travail. « Comme ça », m’a-t-elle dit, confiante, « pas de douleur ». Je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de lui demander son témoignage après son accouchement à elle…

Le massage du périnée, effectué dès 34-35 semaines d’aménorrhée, peut être fait avec une formule maison:

HE Mandarine jaune : 0.3 ml

HE Clou de girofle : 0.3 ml

HE Lavande fine : 0.5 ml

HE Estragon : 1 ml

HE Camomille romaine : 1 ml

HV Millepertuis : complément à 30 ml (très forte action cicatrisante du millepertuis, mais elle peut être remplacée par de l’huile d’amande douce bio)

4 à 5 gouttes , localement sur le périnée 2 à 3 fois par jour, dès la 36ème semaine.

Un guide de massage du périnée de Weleda en format PDF, c’est par là. Mais pas besoin d’avoir LEUR huile de massage du périnée…

Traditionnellement, dans l’archipel indonésien des Moluques, on plante un giroflier à chaque naissance; la bonne croissance de l’arbre est signe de bon augure pour l’enfant.

Enfin, pour aller plus loin et réfléchir à l’action psychique de ce Clou si puissant, on peut imaginer qu’il favorise également le passage à l’acte en général, qu’il invite à sortir du cercle vicieux de la procrastination.

En femme sage, l’huile essentielle de Girofle développe et améliore la force intérieure et la vision. Elle nous invite à l’action concrète et nous apporte sa force vitale pour nous faire passer à l’acte, nous faire sortir du labyrinthe des peurs et des doutes, nous faire accoucher de nous-même. Blog 

 

Important! Mises en garde:

– L’usage interne de l’huile essentielle de clou de girofle est réservée au thérapeute. En usage externe, elle doit être diluée au maximum à 20% dans une huile végétale. Pour tout usage thérapeutique des huiles essentielles, consultez un médecin, une sage-femme ou un pharmacien formé en aromathérapie.

– Pendant la grossesse, il convient plus que jamais de ne pas pratiquer d’auto-médication, y compris avec des huiles essentielles ou de la phytothérapie, qui, n’en déplaise à certains, peuvent être très actives. Les indications données ici ne dispensent en aucun cas de demander conseil et avis à son consultant (sage-femme, gynécologue ou médecin généraliste).

– En dehors du 9ème mois, l’huile essentielle de clou de girofle est déconseillée aux femmes enceintes; elle l’est aussi pendant l’allaitement au sein et pour les enfants de moins de 6 ans.

(1) Avec Marguerite, Ségolène, Raymond Nonnat, Damien et Liberata selon les sources…

(2) L’eugénol est d’ailleurs le composant responsable des allergies au clou de girofle:

Un composé naturel contenu dans cette huile essentielle peut présenter un risque d’allergie chez certaines personnes sensibles lorsque l’huile essentielle est incorporée dans une composition cosmétique (selon le 7ème Amendement de la Directive Européenne relative aux produits cosmétiques (2003/15/CE)): eugénol.
En règle générale, faites toujours un test d’application de votre préparation, dans le pli du coude, au moins 48h avant de l’utiliser. (Aroma-zone.)

Il est interdit d’interdire, non?

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Dernière étape de notre petit tour asiatique, Singapour. On n’était pas particulièrement réjouis d’y venir, au départ. D’abord, parce que ça sent la fin du voyage. (J-5…) Ensuite, parce qu’après avoir fait ce merveilleux pays qu’est le Cambodge, Singapour nous apparaissait comme un monstre ultra-urbain à mille têtes.

Et finalement…au premier abord, l’endroit m’a séduite! Ca reste un des « dragons asiatiques » avec tout ce que ça comprend de buildings démesurés et de femmes habillées en Prada-Chanel-Missoni à tous les coins de rues. J’ai remarqué d’ailleurs que, elles, elles ne s’habillent pas en survêt avec leur sac griffé…toute leur garde-robe est assortie, hein. Ben quoi, c’est normal, d’avoir 10 000 dollars de fringues sur soi, non?

Mais ce qui est assez agréable et surprenant, en fait, c’est l’ordre. La propreté. Le sentiment de sécurité. Au départ, c’est hyper confortable:

– On se surprend à marcher sur des trottoirs sans regarder à chaque pas où l’on met les pieds. Bon, de ce côté-là, notre référentiel part de loin: marcher sur des trottoirs nous paraît déjà merveilleux. (Une belle invention, le trottoir, faudra que je pense à remercier M. ou Mme Trottoir).

– On se surprend à remarquer que tout est propre. Tout. On pourrait manger par terre. Ou juste marcher pieds nus? (Nan, en fait, il fait trop chaud pour ça…je sais, je sais, vous allez me dire: « t’inquiète, dans 5 jours, tu rêveras d’après-ski »).

– On se surprend à se balader la nuit dans des ruelles (un peu plus) sombres et ben, même pas peur. Singapour est en effet le pays où le taux de criminalité est le plus bas: pas facile de faire mieux, il est proche de 0. Zé-ro. Oui, c’est possible.

Mais où est l’ovaire dans le potage, alors? Là, justement. C’est trop propre, trop bien rangé, trop calme. Et oui, car, pour en arriver là, ils ont un peu serré la vis: tout est interdit. Ou presque. Ou passible de la peine de mort. Des centaines de panneaux noirs et blanc barrés de rouge nous le rappellent partout. Avec, nouveauté, le montant de l’amende en cas de contrevenant. Dissuasif, visiblement. Il est donc, entre autres, interdit:

– de fumer. Ca, ce n’est pas moi qui m’en plaindrait. Plus à subir les cigarettes toxiques que j’ai choisi de ne pas consommer. Mais là, ils vont loin. Non seulement la rue est le seul endroit autorisé, mais attention au mégot: interdit de le jeter ailleurs que dans un cendrier. (En même temps, ça paraît évident).

Oui, dans le quartier malais, les bars à shisha pullulent; j’adore l’odeur dans la rue et le charme oriental de ces endroits.

– de manger et de boire dans le métro. Au moins c’est clair. Autant au Japon, il te font comprendre que c’est mal poli, autant ici, c’est interdit.

– de manger du chewing-gum. D’ailleurs d’acheter du chewing-gum. D’ailleurs, de vendre du chewing-gum. (Mais si l’envie te prend de faire du trafic avec Batam, l’île indonésienne à un jet de ferry, sache-le.) De toute façon, le chewing-gum, c’est du pétrole, alors.

(Sinon, y’a un chewing-gum biodégradable…on leur a dit, à Singapour?)

– de traverser en dehors des passages cloutés. Au départ, je ne comprenais même pas le pannonceau: interdit de marcher dans la rue?? (Plus rien ne m’étonne,…) En fait, c’est interdit de traverser en dehors des passages cloutés. Mais vraiment, interdit. D’ailleurs, ils ont construit des passages souterrains un peu partout pour éviter de se faire découper en morceaux en traversant (rien à voir avec le trafic parisien, ici…)

– Ca doit être pour la même raison que c’est interdit de faire du vélo! Enfin, dans la plupart des rues, à fort trafic, donc. Au moins, tu ne risques pas la queue de poisson de ce pù%t@! » de taxi avec ton Vélib’.  (pour info, 1000 dollars singapouriens c’est quand même 660€!)

– Allez, un dernier pour la route, il est interdit d’uriner. Dans la rue. Enfin, je crois. (Tu remarqueras que ça coûte moins cher de se faire prendre en train de soulager sa vessie que de vouloir être écolo en allant au boulot à vélo).

Bref, tout ça me perturbe. A la fois, c’est visiblement efficace. A la fois, ça doit être énervant de toujours réfléchir avant de faire un truc, y compris soulager un besoin fondamental…après manger et boire, dormir est aussi interdit en public!

Attends…j’ai le droit de critiquer, d’ailleurs? Merde…je crois que je vais peut-être rester à Singapour. En prison.

Mottainai! 勿体無い!

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De ouate? Mottainai! ou 勿体無い! ou もったいない!  en japonais, signifie « Quel gâchis! ».

Super Mottainai!

 

Mais Mottainai ne représente pas seulement l’ignoble gâchis alimentaire. Mottanai est un état d’esprit empreint d‘humilité, de respect, de gratitude et de regret devant des ressources ou du temps gaspillés. Oui, tout ça dans un seul mot…la langue japonaise m’étonnera toujours. Les japonais l’utilisent comme exclamation pour déplorer un gâchis alimentaire, matériel, mais aussi une perte de temps ou des compétences mal exploitées. C’est une notion profondément intégrée dans la culture nippone, à tous les niveaux de vie.

Pour mieux comprendre cette notion, plusieurs exemples:

– Morita, co-fondateur de Sony, raconte dans son autobiographie qu' »un des ses amis » habitant New York, ne s’est jamais résolu à jeter les 50 suppléments de week-end du New York Times (50??? mais pour quoi faire???); il accumulait donc des kilos de papier, semaine après semaine, dans son appartement, pour ne pas gâcher…Très Mottainai.

– Les japonais sont très forts pour optimiser l’espace, qui leur manque cruellement. Rappelons que, de tout notre voyage, c’est le seul endroit où nous avons eu la chance d’occuper des chambres « semi-doubles » ou « presque-doubles » (sic). Mais les chambres d’hotel sont tellement bien organisées, tout est tellement bien pensé, que le manque d’espace ne se fait finalement pas (trop) sentir. Optimisation de l’espace, Mottainai.

– Il est par exemple impensable, ou en tous cas très mal vu, de se reconvertir dans une voie moins lucrative que celle pour laquelle on a fait des études: typiquement, le jeune qui a fait sont école de commerce réputée (pour plaire à sa mère et à la société) et qui « plaque tout » pour ouvrir son restau de « ramen », c’est super Mottainai…

Mais au-delà de ça, le concept de Mottainai peut expliquer plus largement l’esthétique japonaise, connue pour être si épurée. L’idée de ne pas gaspiller de la matière, d’économiser la matière, d’optimiser les geste. On retrouve ces notions dans:

– l’art de la calligraphie, où chaque trait est mûrement préparé.

– la poésie japonaise, le Haïku: comment tout dire ou plutôt tout suggérer en seulement 17 mores (More: découpe plus fine que les syllabes; l’exemple le plus simple est le mot « nippon »: 2 syllabes mais 4 mores: ni-p-po-n.)

« Avec chaque souffle
le papillon se déplace
sur le saule. » Bashô

– l’art en général: ils résument l’oeuvre à son noyau le plus élémentaire. Se débarrasser du superflu. Mottainai.

Le concept a fortement inspiré le Pr. Wangari Maathai (1940-2011), cette femme kenyane, fondatrice du parti écolo au Kenya et récompensée par le Prix Nobel de la Paix en 2004. Son livre, « Unbowed » ou « Celle qui plante des arbres » raconte comment elle s’est battu contre la déforestation dans son pays (jusqu’à en être emprisonnée). Invitée en 2005 à Kyoto, lors du rassemblement pour le « protocole de Kyoto », elle a découvert l’existence de ce mot japonais et de tout ce qu’il sous-entend et a décidé d’en faire un leitmotiv dans son engagement écologique.

Le site de la « Mottanai Campaign » est . Je l’avais découvert parce qu’ils vendent…des furoshiki, oui, oui!!

Wangari Maathai plante un arbre à Nagakute au Japon…pas besoin de le dire, les peluches « kawai » nous auront aidés à deviner!

Mottainai, c’est aussi le 3R: Reduce, Reuse, Recycle, soit: Réduire, Réutiliser, Recycler.

Un principe dont nous pouvons tous nous inspirer…

Merci au site Kichigai (« fou » en japonais!)

Accoucher à la mode d’Edo

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Il y a des sujets qui reviennent sans que tu l’aies décidé; ou pas vraiment. Je suis tombée hier sur cet article d’Aujourd’hui le Japon: « Les naissances « naturelles » du Docteur Yoshimura« , basé sur le documentaire de France 5, « Naître au Japon ».

 

Vidéo

 

Je t’encourage grandement à regarder cette vidéo de 14 minutes. C’est une première approche du travail du Dr Yoshimura Tadashi, gynécologue japonais de 78 ans, qui accompagnent des femmes enceintes dans sa maison de naissances à Okasaki, dans la banlieue de Nagoya. A la fin de leur grossesse, les femmes viennent habiter dans cette vieille maison et vivent comme à l’époque Edo (1600-1868)…Elles accouchent de façon naturelle.

Mais si tu as vu « Le Premier Cri » (2006) de Gilles de Maistre, ça te rappelle sûrement Yukiko; car c’est dans cette même maison de naissances que se déroule le mini-reportage.

Yukiko accouche près de son mari et sa fille de 3 ans

Enfin, si tu as vu, mais ce serait plus étonnant, Genpin (2010), de Naomi Kawase, rebelote, le reportage se déroule aussi dans cette maison de naissances.

Affiche de Genpin,        Naomi Kawase

 

Bande-annonce de Genpin

 

Naomi Kawase, cette réalisatrice japonaise, a déjà à son actif un documentaire « Naissance et maternité » (2006) et une scène d’accouchement très belle dans « Shara »; une scène auto-biographique comme on peut le voir dans « Naissance et Maternité » où elle filme son propre accouchement.

 

Que peux-t-on en dire de cet endroit? Des tas de choses, bien sûr.

D’abord, ce reportage de France 5 est très incomplet à mon sens. Présenté comme il l’est, il constitue une magnifique occasion de rejeter en bloc les maisons de naissances et l’accompagnement non-hypermédicalisé de la grossesse et l’accouchement et de faire passer les gens qui les défendent pour des illuminés.

 

Le Dr Tadashi Yoshimura, gynécologue japonais de 78 ans, donc, accompagne depuis 45 ans des femmes enceintes pour leur permettre de retrouver « leur capacité à enfanter ». Son postulat est simple: la médicalisation de l’accouchement crée des complications,  alors accouchons de façon la plus naturelle possible, ça ira mieux.  Les femmes savent accoucher. Bon.

 

Bien sûr, c’est très criticable. D’aucuns diront immédiatement que la médicalisation a sauvé et continue aussi de sauver des vies; des vies de femmes, d’enfants. Et ils auraient évidemment raison. Comment ne pas être d’accord avec ça?

D’autres diront que faire couper du bois et priver les femmes d’eau courante et d’électricité, c’est ridicule et archaïque; voire dangereux. Je dis qu’il pousse le bouchon un peu loin avec son « mode de vie à la samouraï« ; mais qu’il faut peut-être regarder un tout petit peu plus loin que le bout de son nez. Bouger pendant la grossesse, c’est possible, si tout va bien. Chez nous, on dit aux femmes de bien se reposer pendant toute la grossesse et surtout, au 9ème mois, de bien bouger, maintenant, faut y aller, ma p’tite dame! Facile, de monter les escaliers 4 à 4 à 38 semaines quand on a été allitée toute la grossesse, non?…

Chez M. Yoshimura, ces femmes sont suivies, examinées (sans toucher vaginal, tout de même, mais rappelons que les anglais n’en font pas non plus et ont des meilleurs chiffres de prématurité qu’en France). Elles ne sont donc, comme dans toute maison de naissances, suivies et accompagnées pour l’accouchement que si tout va bien. Sinon, elles sont réorientées en cours de route. Il a beau paraître illuminé comme ça, il n’est pas fou non plus.

Par ailleurs, leur façon de couper du bois est très intéressante: elles mobilisent leur bassin sans abîmer leur dos, font travailler leur périnée, favorisent des contractions en levant les bras en l’air (cf. le lavage de carreaux par chez nous) et favorisent un bon retour veineux par ces mouvements de flexions. Magnifique, la coupe du bois!! (C’est une idée pour les cours de prépa, non?!)

Coupons du bois!

 

L’idée de vivre en communauté dans le dernier mois de le grossesse est elle aussi très intéressante. C’est une pratique assez fréquente au Japon, de retourner vivre chez sa mère à la fin de sa grossesse.

La première particularité est ce qu’on appelle en japonais le « Satagaeri« , en français, le retour à la maison. Quelques mois avant l’accouchement, il est fréquent que la future maman retourne chez ses parents pour accoucher dans sa ville natale. C’est parce qu’au Japon, traditionnellement, la mère de la future maman s’occupe de sa fille à la fin de sa grossesse et du bébé lors de son arrivée. Article d’une japonaise vivant au Québec sur l’accouchement au Japon – 2006.

 

Quand on voit toutes ces femmes seules, voire très isolées pendant la grossesse, parfois loin d’un quelconque entourage maternel ou féminin, quand on sait que la majorité des japonaises vivent dans des villes de plus d’un million d’habitants, je comprend cette envie. Cuisiner ensemble, vivre ensemble, ça construit, ça soutient.

 

Mais je ne comprend pas le manque de place faite au père…cet homme qui nous répond qu’il ne « peut rien faire pour aider (sa) femme » à part « travailler pour gagner (leur) vie »…J’ai envie de le prendre dans mes bras et de lui faire un gros câlin. Quelle tristesse!! Mais bien sûr qu’il peut « faire des choses » pour aider sa femme!! Je peux lui expliquer, s’il veut!! Et puis parfois être vaut mieux que faire

Alors, M. Yoshimura, s’il-vous-plaît, je sais qu’à votre époque, pourtant un peu plus récent que celle d’Edo, les pères n’avaient pas le droit de rentrer en salle de naissances, et qu’aujourd’hui encore, il n’est pas courant que le père soit là, mais certaines évolutions sont peut-être nécessaires…

(Et parmi ces évolutions,  je ne parle pas de la « perfusion pour accélérer le travail »…on m’aura comprise.)

 

Alors, oui, il va un peu loin, le petit père Yoshimura.

-« On ne devient une vraie femme qu’en accouchant. » Merci bien, je vais pleurer, je reviens.

– « De nos jours, on mange trop et on ne travaille pas assez. » Pour rappel, il est japonais; si eux ne travaillent pas assez, je ne sais pas ce qu’il lui faut…

– « Le monde de l’obstétrique condamne la mort d’une femme ou d’un nouveau-né. Ils ont tort; s’il y a la vie, c’est parce qu’il y a la mort. » Euh… oui. C’est difficile à intégrer sans avoir une vision bouddhiste de la vie. Donner la vie, c’est donner la mort. Le cycle de la vie et de la mort. Certes.

-« Une femme peut ne pas aimer son enfant si elle ne l’a pas senti naître. » j’ai mon avis sur la question, en tant que sage-femme. La phrase est choquante. Mais c’est une question complexe, qui peut apparaître très culpabilisante et qui nécessite un long développement.

 

Mais, si l’on veut bien enlever ses oeillères, il a l’avantage de faire réfléchir, ce cher Yoshimura. A chacune et chacun de se faire son avis.

 

Pour aller plus loin: l’article traduit sur la naissance au Japon, de Wikipedia.

 

 

Viscose de bambou: l’arnaque écologique

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Rooh, la déception. Comme beaucoup, je pensais que la viscose de bambou, c’était chouette et écolo. Ben nan. C’est la manipulation du consommateur.

Pourquoi l’étiquette séduit-elle, au départ? Parce que le bambou est vendu comme une plante hyper écolo:

Cultivé sans engrais ni pesticide, il absorbe une grande quantité de gaz à effet de serre, produit davantage d’oxygène qu’un  arbre et réclame quatre fois moins d’eau qu’une culture de coton traditionnelle. Par ailleurs, ses racines, profondes empêchent l’érosion du sol. Cerise économique sur le gâteau : la plante pousse très vite, jusqu’à un mètre par jour. Julia Tissier, Libération, 2008.

Ca en jette, vu comme ça. A bas le coton, vive le bambou; reviendez, les norang-utans, on arrête de déforester, on va juste nettoyer les bambouseraies. Voui, donc problème numéro uno: ce ne sont plus les orang-utans qu’on affame, ce sont les pandas. Tout est question de savoir lequel tu préfères, en fait.

 

En raison de la déforestation, la moitié des espèces de bambous est déjà considérée comme menacée à travers le monde. Le Monde 12/11/2012.

L’article rajoute qu’en plus des élagages de bambous, le réchauffement climatique va probablement entraîner une disparition d’au moins 3 espèces de bambou, très sensibles aux conditions climatiques. Pas de bol, il s’agit des 3 espèces dont se nourrit principalement nos amis les pandas-tout-mignons.

Bon, donc tuer des bambous, ça n’a pas l’air terrible. Sauf si on le fait dans des bambouseraies contrôlées; or, la plupart des fibres de bambous utilisées dans l’industrie textile notamment est issue de déforestation illégale de bambouseraies sauvages. Ben voyons.

Pour en rajouter, la viscose de bambou est bien sûr fabriquée à partir de bambou. Mais c’est une fibre transformée chimiquement. Avec des tas de produits toxiques extrêmement polluants:

Procédé de fabrication de la viscose de bambou:

La matière première utilisée est la cellulose présente dans la pulpe des végétaux: on peut utiliser celle de l’eucalyptus, .

1.    Elle est dissoute dans de la soude caustique afin de faire gonfler la cellulose et écarter les fibres.

2.    Le liquide en excès est éliminé par pressage.

3.    La cellulose est ensuite dépolymérisée.

4.    On ajoute du disulfure de carbone (CS2) pour que la cellulose devienne soluble: la cellulose se transforme en xanthate de cellulose.

5.    Elle est ensuite dissoute dans de l’hydroxyde de sodium dilué afin d’obtenir un liquide visqueux appelé viscose.

6.    La viscose est ensuite filtrée puis extrudée à travers une filière (c’est une plaque percée de trous minuscules) et amenée dans un bain contenant de l’acide sulfurique (H2SO4) : elle forme alors des fils continus.

Or, le disulfure de carbone est une horreur:

Le solvant utilisé est le disulfure de carbone, un produit chimique très toxique
connu pour ses risques de perturbation sur la reproduction humaine. Il peut compromettre la santé des ouvriers dans les usines et est une source de pollution pour l’air et l’eau. Moins de la moitié de ce solvant est récupéré par les usines fabriquant de la viscose, ce qui implique que l’autre moitié est rejetée dans la nature. Patagonia

Voilà, en résumé, la viscose de bambou, qui est tout simplement une viscose tout court, ça paraît bien mais en réalité, c’est-le-mal.

Alos, quelle est l’alternative? Une seule aujourd’hui: le lyocell, commercialisé sous plusieurs noms dont la plus connue: Tencel*. Là, c’est du bambou, mais on ne coupe pas le bambou, on le pèle seulement. Tencel* assure utiliser uniquement des bambous de plantation (pas de déforestation ou enfin, plus maintenant que les plantations sont faites) et la fabrication du lyocell se fait à partir d’un solvant organique non toxique qui est, attention mesdames-z-et-messieurs, réutilisé à 98% à chaque cycle de fabrication!

La production de fibres lyocell s’effectue en circuit quasi-fermé [Figure 4]. Les fibres sont fabriquées à partir d’un mélange de pulpe de bois dissout dans le solvant NMMO à haute température. La solution visqueuse obtenue est filtrée et extrudée par des filières dans un bain de filage aqueux. La cellulose précipite et émerge sous forme de fibres. Ces dernières sont lavées, séchées et enroulées. Le solvant est récupéré dans le bac de rinçage. L’eau est recyclée par distillation (évaporation) des bains de filage et de rinçage. Le solvant est récupéré à plus de 97%. Les très faibles émissions résiduelles sont décomposées dans des installations de purification adaptées. La récupération quasi-complète du solvant représente donc un avantage majeur tant environnemental qu’économique. Mémoire d’école d’ingé 2009.

Et en plus, c’est tout doux aussi…

En dehors du lin, de la laine et du chanvre, ces fibres textiles naturelles et écologiques, d’autres fibres textiles se développent et on risque d’avoir bientôt le choix de ne plus acheter du coton ou de la viscose (sans parler de ces fibres synthétiques issues du pétrole, bierk):

– le Seacell: mélange de lyocell et d’algue

– le Hempcel: mélange de lyocell et de chanvre, autre fibre naturelle écolo.

– le Lenpur: viscose (donc pas terrible) mais à partir de pulpe de pin blanc élagués et non coupés.

– l’ortie: une fibre textile a été fabriquée il y a quelques temps, encore peu développée. Pourtant, en tant que plante vivace, elle ne nécessite aucun polluant…et pas d’engrais, comme on peut s’en douter quand on voit à quelle vitesse elle pousse dans nos jardins!

Seacell

Bref, y’a le choix, alors, faisons le bon.

Et pourtant, nombre de marques dites « bio » ou « écolo » vendent des produits à base de viscose de bambou. C’est vrai dans la mode, mais ça l’est aussi dans la puériculture où le bio se développe à la vitesse de la lumière. Attention donc, la viscose de bambou toute douce et si choupinette, souviens-toi qu’elle tue les pandas et qu’elle est fabriquée avec de la chimie toxique. C’est dit.

Donc, en résumé: non à la viscose (même de bambou), oui au lyocell!

Krama connection

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Depuis une semaine au Cambodge, j’ai enfin compris pourquoi Virginie veut que je lui ramène des kramas: c’est magnifique!!

Oui, je sais, je deviens une dingue de textiles…mais comment faire autrement en voyant ces chouettes objets multifonctions?  Le Krama est le foulard traditionnel khmer à damiers, tissé de façon artisanale et en pur coton. On en trouve sur les marchés, de deux tailles: le grand fait environ 150 x 90 cm et le petit 130 x 40 cm.

Les cambodgiens l’utilisent partout, tout le temps, pour tout. Il fait partie intégrante de l’identité khmère, à tel point que les Khmers Rouges obligeaient la population à les porter entre 1975 et 1978. La solidité du coton du krama a permis de l’utiliser dans des conditions moins joyeuses, comme bander les yeux ou attacher les victimes. Les habitants ayant connu cette époque ont souvent une interprétation très précise du krama  rouge et blanc. Encore aujourd’hui, le porter est assimilé à un acte politique à Phnom Penh.

Khmers Rouges portant le Krama

Pourtant, malgré ce sombre épisode, le krama est resté un objet très populaire. La tradition veut que chaque khmer en possède un, en prenne soin, et le porte jusqu’à…ce que ça ne soit plus possible (la définition variant selon les sensibilités personnelles!). Il est intéressant de noter que le krama est porté par toutes les couches de la population, en ville comme à la campagne. Il peut simplement être en soie lors des occasions spéciales.

Petit florilège d’utilisations, observées ou glanées sur le net:

-En guise de vêtement:

  • Comme short quand il est noué autour de la taille et ramené entre les jambes:

Krama-détente, quand noué auteur des reins et ramené entre les jambes, il sert de short pour une partie de volley ball, jusqu’à ce que, à l’occasion d’un ” smash ” particulièrement énergique, il commence à tomber, soulevant ainsi des vagues de rires et de ces plaisanteries légèrement grivoises qu’affectionnent les khmers. Voyageur sans bagage.

  • Comme sarong, pagne, jupe.
  • Comme ceinture.
  • Comme foulard autour du cou, pratique en cas de « climite » (manie de mettre la clim à 16°):

– En protection:

  • Comme tablier
  • Sur la tête ou le visage, pour se protéger du soleil, de la pluie, de la poussière, de la pollution en mobylette ou en tuk-tuk,

  • Pour se protéger des moustiques, qui accessoirement causent une belle épidémie de dengue à Siem Reap en ce moment.
  • Pour chasser les mouches du stand de viande dans les marchés.

– Pour les enfants:

  • Pour essuyer le bébé à la naissance, ce sera son premier krama…

Krama-espoirquand il sert à essuyer le nouveau-né encore tout humide des eaux de la délivrance. Voyageur sans bagage

  • Comme couche pour les bébés.
  • Comme lange, tissu d’emmaillotage:

  • Comme berceau, en hamac.
  • Comme épuisette pour aller à la pêche (et ça fonctionne!)
  • Comme serviette après s’être baigné à poil dans la rivière!
  • Comme accessoire de jeu:

Jouer au Cha-ol Chong:
Traditionnellement, on joue en 2 camps distincts, filles contre garçons. Rouler en boule le krama en laissant dépasser une queue. En prenant le Krama par la queue, les garçons lancent la boule haut dans le ciel en direction du camp adverse. Les filles doivent récupérer le Krama avant qu’il ne touche le sol. Après l’avoir rattrapé, elle doit le jeter en touchant un garçon. Si le garçon est touché, il doit aller du côté des filles pour leur chanter une chanson. A la mi-temps, il faut changer les équipes qui lancent et chantent. Kambody.com

– Et, de façon très variée:

  • Comme hamac, objet que l’on peut voir partout; mes préférés sont ceux qui sont installés dans les tuk-tuks!
  • Pour s’éponger le front après une bonne suée sous le soleil de plomb,
  • Comme…furoshiki! pour transporter bouteilles, fruits du marché, charbon,…
  • Pour boucher le trou de crevaison d’une roue en attendant l'(éventuelle) réparation
  • Comme aide pour grimper en haut des cocotiers
  • Comme nappe
  • Comme écharpe de bras cassé

  • Dans le même lot:
  • Krama-brancard, quand plusieurs de ces kramas, reliés les uns aux autres et attachés à une longue perche ou à un bambou, permettent de porter un blessé, un malade, une femme en couche. Voyageur sans bagage
  • Comme chiffon, serpillère en bout de course.

Bien évidemment, le krama a été très vite adopté par le clan des routards et pour cause: un tissu pour tout faire = rendement poids-utilité parfait pour un backpacker! Alors si en plus, c’est joli…Que demande le peuple?

Pour ceux qui ne sont pas encore convaincu, Brad-the-ultime le porte, alors:

Sinon, pour rester dans l’actualité, j’ai trouvé ça:

Et pour finir, un site américain qui rend le krama hyper fashion-tendance-groovy-gangnam-style: Good Krama

Faites vos commandes, y’a encore (un peu) de place dans le sac à dos…

Au bout de 8 mois

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Il y a 8 mois, nous étions en route pour l’aéroport d’Orly. 8 mois de découvertes, de surprises, de rencontres, de choix difficiles (on va où, maintenant?). En si peu de temps, beaucoup de choses ont changé dans nos comportements; d’autres pas.

Alors peut-être que toi aussi, ami voyageur, tu te reconnaîtras; car, tu sais que tu es parti en voyage depuis longtemps quand:

– tu as utilisé 19 langues différentes cette année (français, anglais, espagnol, italien, thaï, lao, black thaï, japonais, vietnamien, indonésien, balinais, sasak, malais, tagalog, visaya, cinghalais, tamoul, coréen, khmer),

– tu as maintenant un convertisseur de devises intégré et tu as en permanence au moins 5 monnaies différentes sur toi,

– tu deviens fin connaisseur des différentes sortes de tuk-tuk (à moto, à vélo, deux roues ou trois, assis sur le côté ou derrière,…)

– tu as l’impression de te faire arnaquer quand tu achètes un T-shirt plus de 4€

– tu arrives à faire ton sac en 3 minutes chrono (surtout quand tu réalises que tu ne t’es pas réveillé pour aller prendre ton avion),

– tu as goûté tous les plats possibles à base de riz

Ici, remplace « crevette » par « riz »:

– après avoir tout testé, tu sais choisir exactement la meilleure place dans l’avion (mais c’est un secret)

– tu arrives à faire du yoga n’importe où, dans n’importe quelle condition,

– tu pourrais écrire un guide des pédicure-manucures-massages en voyage (tiens, c’est une idée, ça, NON??)

– tu trouves ça normal de te balader en parapluie sous le soleil,

– il t’arrive de rêver de haricots verts et de brocolis,

– tu t’en fous d’avoir l’air ridicule (en rouge, jaune, vert et bleu ou en jupe+robe+legging+t-shirt ou avec tes baskets accrochées à ton parapluie lui-même fixé à ton sac à dos)

– tu t’inventes des challenges de dingue pour pimenter le voyage: faire sourire un employé de l’immigration à l’aéroport, manger un insecte, rater ton avion, arriver dans un pays sans rien avoir lu dessus, tester les médicaments vendus à l’unité dans une boîte qui ne correspond pas…

– tu as déjà décidé de ta prochaine destination une fois arrivé à l’aéroport,

– tu renifles tes fringues pour savoir s’il faut vraiment les laver,

– il t’arrive de penser et même de rêver en anglais ou en japonais,

– tu lis des trucs improbables: 1) les classiques sont gratuits, sur le Kobo 2) quand tu tombes sur un livre en français dans les auberges/librairies, c’est une curiosité,

– tu fuis les touristesnon, tu n’en es pas un, ça n’a rien à voir.

Dans la chaleur d’un automne nippon

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Nous quittons le Japon encore une fois et je me réjouis d’y être venue à une époque différente de l’année, quand les feuilles des arbres commencent à prendre de jolies couleurs d’automne.
Il nous faudra quand même revenir pour profiter complètement des érables japonais, les « momijis » 紅葉  rouges à perte de vue. (Trop dommage d’être obligés de revenir…)

Momiji vus d’un temple à Kyoto

Et comme pour la courte période de floraison des cerisiers que nous avons eu la chance de partager avec eux cette année, les japonais ont leur façon toute personnelle de vivre la chute des feuilles rougies ou jaunies. Ils appellent ça le « kôyô » (ou « feuille rouge », 紅葉). Les observateurs auront remarqué qu’il s’agit des mêmes kanjis que pour « momiji », l’érable japonais. A l’origine, l’érable se disait « kaede », mais il est tellement associé à sa feuille rouge, que les caractères « feuilles rouges » sont devenus synonymes de l’érable.
La saison du « kôyô » s’étend à partir de mi-septembre à Hokkaido, dans le nord du Japon, jusqu’au sud sur environ 50 jours; comme pour le hanami, les dates exactes varient chaque année et déjouent souvent les prédictions des professionnels, au grand dam des japonais qui posent quelques rares jours de congés pour observer ce phénomène aux endroits les plus populaires, comme à Kyoto. Pour avoir les dates les plus exactes possibles, c’est.
Mais les « kôyô » n’est pas seulement représenté par le momiji, le gingko est aussi à l’honneur. Celui-ci est célébré pour sa longévité et sa résistance, à tel point que la capitale japonaise a choisi sa feuille comme emblème. On dit aussi que c’est le premier arbre à avoir repousser après les catastrophes nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki…

Gingko jaunissant au chateau d’Osaka

Au printemps, les japonais fêtent le « hanami » 花見: la célébration des fleurs, (hana= fleurs mi=regarder), notamment des cerisiers, mais aussi des pruniers.
A l’automne, ils fêtent le « momijigari » 紅葉狩: »chasse aux feuilles rouges » Il s’agit encore de rendre hommage à la nature et de se rappeler tous ensemble l’impermanence des choses et les cycles de la vie: le temps passe, les choses changent, les pétales de fleurs tombent avant de donner des fruits, les feuilles jaunissent, rougissent et tombent…  C’est la vie (en français dans le texte).
Et comme pour le hanami, les familles et les amis se réunissent pour pique-niquer sous les momiji et les gingko; ramasser les feuilles tombées est une occupation traditionnelle du week-end pour les enfants pendant le momijigari. D’ailleurs, on appelle parfois les mains des bébés « de minuscules feuilles d’érable« .

Momijigari, la « chasse aux feuilles rouges »

Ça me rappelle les feuilles rougies que je ramassais chez ma grand-mère quand j’étais petite, j’adorais les choisir et les garder; pas longtemps, puisqu’elles se desséchaient, bien sûr. Ça et les « hélicoptères » (les fruits des érables) qu’on ramassait sur le chemin du retour de l’école.
C’est très agréable de voir célébrée cette période de l’année comme ils le font au Japon; chez nous, certes,  les érables sont rouges, mais c’est aussi novembre son froid, sa pluie, son gris, son changement d’heure qui nous met la nuit à 17h…Au Japon, on croirait une période de fête et on peut voir des feuilles d’érable et des chataignes partout:
– en déco dans les restaurants au milieu des sushis ou des ramen
– en plat: les « momiji tempura » sont des feuilles d’érable rougies salées et frites

Momiji tempura

– en pâtisserie, comme ces « kozue no aki » 梢 の 秋
– en boisson dans les « coffee shops »: le marron latte, trop miam!!

Marron Latte!

– sur les kimonos: il existe tout un code de motifs saisonniers sur les kimonos; à chaque mois ou saison son motif caractéristique. En automne et en novembre plus particulièrement, c’est la saison de la feuille d’érable.

Momiji no kimono

– et bien sûr, sur les ongles:

Manucure d’automne

En bonus, la recette du Marron Latte:
– un espresso
– 10 ml de sirop Monin à la chataigne, ces sirops français idôlatrés par les Japonais
Mélanger
– 120 ml de lait (de soja, de noisette)
Chauffer le lait jusqu’à obtention d’une mousse et verser sur le café-sirop.
Déguster!

Momijigari

Enfin, à noter: « la feuille d’érable et le daim » (« momiji ni shiga ») sont deux symboles fréquemment représentés ensemble dans l’art japonais ou dans le jeu de carte traditionnel; l’expression désigne deux éléments bien assortis, « les deux font la paire »,  un « nice couple », en somme!

La feuille d’érable et le daim, la bonne paire! Jeu de Hanafuda

Alors pour passer un bon mois de novembre, le mois que je trouve le plus glauque de toute l’année, un bon gâteau, un marron latte et les pieds au chaud sous le kotatsu en compagnie de son daim préféré! L’automne est quand même bien moins triste comme ça, non?

Un blog très intéressant d’une japonaise, écrit en anglais: Fourseasonsinjapan

http://ichinen-fourseasonsinjapan.blogspot.jp/2011/10/foliage-season.html

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